mardi 27 décembre 2011

Lettre du père de Lisandru Plasenzotti au juge Choquet



                                                                                                            Carghjese le 24 décembre 2011


                                                                                                                        M. le juge CHOQUET
                                                                                                                       JIRS Marseille

Monsieur,

Je vous écris une nouvelle fois, même si vous ne répondez pas à mes courriers. En vérité cela n'a pas d'importance, je vous écris pour que vous ne puissiez pas dire, le jour du jugement, « je ne savais pas. »
Nous savons, et vous savez aussi, que vous avez mis en examen et incarcéré mon fils à la demande de la police du commissariat d'Ajaccio (et peut-être d'un autre personnage au pouvoir exorbitant).
Vous savez aussi que mon fils n'a rien à voir avec « la criminalité organisée et la grande délinquance » dont votre juridiction est spécialisée.

Malgré tout vous participez à tenter de briser un jeune homme qui ne fait que défendre des valeurs et des droits qui sont issus de sa culture et de sa civilisation.

Historiquement, en France, police et « justice » ont servi le pouvoir du moment. Le second conflit mondial et l'épisode de l'occupation-collaboration n'ont pas laissé de traces dans la mémoire collective de vos institutions. Et pour cause, personne n'a été puni d'avoir participé, de manière active, à la chasse aux résistants, à l'arrestation et à la déportation des juifs français, y compris les enfants en bas âge, personne n'a été puni pour avoir participé aux sections spéciales (aucune plaque commémorative ne figure au fronton des tribunaux et des commissariats. Le devoir de mémoire est sélectif...).
Ainsi, vous êtes amputé d'une partie de vous même et n'êtes donc pas capable de juger sereinement vos semblables.

Je joins à la présente un article de LA PROVENCE du 6 avril 2009 qui vous est consacré.
Le journaliste rapporte que vous auriez dit « l'erreur judiciaire est la hantise de tous les juges ».
A priori, on ne doit pas douter de votre sincérité, mais à travers la réalité de ce que vous nous faites vivre, on est vite fixé.

Comme vous savez que mon fils ne fait pas partie de « la grande criminalité organisée » (Avec qui serait-il organisé ? De quels revenus occultes bénéficie t-il ?), il vous faut un prétexte pour votre conscience. Donc vous imaginez que mon fils sait peut-être des choses sur cette criminalité organisée. Vous le maintenez en détention pour le punir, faire pression sur lui, peut-être dans le but de le faire parler. Faire souffrir une personne pour qu'elle livre des informations (qu'elle est supposée détenir), et non parce qu'elle a commis un délit ou un crime, c'est de la torture.

Tout Ajaccio sait que des individus ont été relâchés après la garde à vue (sans même être passés dans votre cabinet), alors qu'on a découvert plusieurs empreintes leur appartenant dans la cache d'arme.
Le statut de Lisandru est spécial, on a retrouvé UNE empreinte sur UN sachet en plastique et il a droit à la totale (mise en examen, déportation, embastillement, grève de la faim).
Est-ce à dire que Lisandru a un « pédigrée » de grand délinquant ? Peut être représente t-il une dangerosité particulière pour la société ? Oserez-vous l'affirmer publiquement ?
Les dizaines de personnes qui nous soutiennent pensent le contraire. Ces personnes, que nous avons l'honneur et le bonheur de connaître, ne nous soutiennent pas pour obtenir une pension ou un emploi. Elles l'ont fait spontanément parce que, elles connaissent Lisandru, elles savent comment et de quoi il vit. Elles le savent, mais vous ne semblez pas le savoir car vous n'avez même pas fait d'enquête sur son train de vie et ses moyens d'existence.

Ces explications sont nécessaires car je rendrai ce courrier public. Contrairement à votre prétendu secret de l'instruction qui est régulièrement mis à mal, souvent par vos pairs, nous n'avons pas peur de la vérité.
Dans la première affaire où la police a impliqué Lisandru, juge, procureur et police ont menti en permanence. A présent, le secret de l'instruction sert à fantasmer et à masquer le vide du dossier. Pourtant, régulièrement, quand cela les arrange les procureurs ne se privent pas, eux aussi, de donner des détails sur les dossiers d'affaires pénales très médiatiques. D'ailleurs, alors que la police m'opposait le secret de l'enquête, dans le même temps « une source proche de l'enquête révélait à la presse qu'une empreinte de mon fils avait été découverte sur un sachet dans la cache d'armes ».

Lisandru est un patriote corse imprégné des valeurs de notre vieux peuple. Tout cela peut vous sembler surprenant, et même indécent, mais c'est ainsi. Si vous aviez pris le temps de l'écouter vous le sauriez, mais sans doute le savez-vous et estimez que cela représente une circonstance aggravante.

Lors de la venue de Mme ALLIOT-MARIE à Marseille, vous avez déclaré que « la criminalité corse constituait un danger pour le pays », vous faites juste écho à un procureur qui au début des années 70 affirmait que « les corses avait un chromosome en plus, celui du crime ».

Lisandru perd ses forces, mais il fait grandir les nôtres. Sachez-le.

Votre système injuste et cruel nous est odieux, non seulement il laisse prospérer les mafias mais en plus il frappe le peuple. Il frappe d'autant plus fort lorsque le peuple relève la tête, qu'il vous regarde dans les yeux et qu'il lit au plus profond de vous, les horreurs que vous voulez lui préparez.

Monsieur CHOQUET, lisez « Eichmann à Jérusalem » de Hannah ARENDT, une histoire sur la banalité du mal, vous y verrez peut être un familier.

Cordialement.




    
                                                                                                             PLASENZOTTI Jean-Toussaint




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